Les espaces ouverts à tous (voirie, places, jardins publics, etc.) participent à rendre un quartier plaisant à vivre. Leurs qualités physiques et esthétiques doivent en rendre l’usage au quotidien agréable, et participer à donner son caractère au paysage urbain du quartier. En étant accueillant, ces espaces favorisent l’animation du quartier, et offrent des lieux de vie collective et de rencontre. Des matériaux nobles permettent de satisfaire ces usages durablement, et de minimiser les coûts d’entretien.
Depuis quelques décennies, l’espace public est la victime de la montée du sentiment d’insécurité et de l’individualisme. Cela se traduit par une privatisation croissante des espaces publics, et par un design dominé par le souci de favoriser la surveillance et la sécurité, y compris au détriment de leur fonction sociale et esthétique. Cet urbanisme sécuritaire, privilégiant l’entre-soi, trouve ses formes les plus extrêmes dans le concept de « defensible space » (Oscar Newman), et dans les gated communities, quartiers ou villes entières surveillés et dont l’accès est limité aux résidents et leurs invités. Ces phénomènes extrêmes influencent la conception des quartiers actuels : espaces fermés, résidentialisation, plans d’urbanisme en boucles ou en impasses, etc.
Ces formes urbaines peu favorables à la vie sociale dynamique d’un quartier, répondent néanmoins à la valorisation par les habitants de la tranquillité, de l’abris des regards, et du sentiment d’être « chez soi ». Il convient donc de satisfaire ces aspirations par un traitement de qualité des espaces privés.
Dans un souci de concilier ces aspirations avec la sauvegarde de lieux de vie collectifs, l’urbanisme des quartiers durables laisse souvent la part belle à des espaces communs en copropriété au sein des bâtiments : cours intérieurs, patios, loggias, etc. Le développement de ces espaces de transition entre espaces privés individuels et espaces publics participe à la revalorisation aux yeux des habitants de formes urbaines denses.
« Les espaces urbains sont de moins en moins dévolus à une mixité spontanée des fonctions. Ils doivent aujourd’hui s’adapter à des usages successifs, exclusifs les uns des autres et, bien sûr, sécurisés. La mission des garants de ces lieux n’est donc plus tant de contrôler, séparément, des périmètres juxtaposés que de gérer, ensemble, des flux. » « Face à la demande croissante de sécurité de la part des élus, des technocrates et du domaine privé, il devient urgent d’apporter des réponses concrètes de manière, d’une part, à enrayer la multiplication des dispositifs d’empêchement dans nos villes et, d’autre part, à rétablir un véritable espace public partagé dont la fonction ne se résume pas à celle du flux et du déplacement. » Source : Paul Landauer – Ordre dispersé. Les nouvelles conceptions urbaines de la sûreté, PUCA, 2008, 104 p. http://paullandauer.wordpress.com/ | ![]() Espace commun intégré à la conception d'un bâtiment collectif – Malmö Western Harbour[Zoom...] |
Source de l'image : Towards a strong Urban Renaissance, Urban Task Force, Final Report, 2005, p.7 http://www.urbantaskforce.org/UTF_final_report.pdf