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Qu'est-ce qu'un chef-d'œuvre artistique ?
Hormis le prix, la bonne réponse varie selon les époques. Les canons de la statuaire grecque ont représenté à l'âge classique de la peinture et de la sculpture un modèle de « beau » idéal à imiter. Mais premier fait curieux, une analyse plastique des chefs-d'œuvre repris comme modèles dans l'histoire de l'art occidental (Le Gladiateur Borghèse, La Vénus de Milo par exemple) montre qu'ils sont « impurs » stylistiquement parlant, qu'ils mélangent styles et périodes, qu'ils ne sont en rien idéals mais au contraire largement imparfaits. Un chef-d'œuvre est-il alors la reproduction parfaite du modèle, indispensable par exemple pour l'accession à la maîtrise dans les corporations de peintres, comme au Moyen Age, ou plutôt l'écart, la rupture avec l'idéal ?
L'approche du travail artistique ne tient-il pas dans cet écart entre copier et créer ? Et ne retrouve t-on pas ces tensions entre grandeurs et misères de l'imitation dans la conception de produits pour l'industrie et l'innovation ?
La muséologie prend aussi une part primordiale dans la fabrication des chefs-d'œuvre, si elle réussit à nous mettre en relation directe, physique avec les œuvres, à les faire parler, à les rapprocher de nous, à nous rapprocher d'elles.