Le nu masculin
![]() | De l'époque archaïque à l'époque classique, le canon, c'est-à-dire la règle, l'unité de mesure, évolue de plusieurs manières : la taille colossale (10 ou 12 m) des statues se réduit à plus grand que nature (torse de Milet 480-470 av. J.-C.) puis à taille humaine ; la statue ne représente plus un dieu, ni une offrande pour le dieu, mais l'homme devenu la mesure de toutes choses (Protagoras 484-404 av. J.-C.). L'homme est "dans l'air du temps", puis qu'aussi bien les philosophes, depuis Thalès de Milet (580 av. J.-C.) essaient de construire une explication rationnelle du monde en quittant l'univers des mythes. L'homme est la mesure de toutes choses. La mesure, la règle, le canon du nombre et de la proportion, permettent de représenter l'homme parfait, l'homme idéal devenu l'idéal de l'homme, dans un parcours temporel allant de la représentation conventionnelle du kouros vers les successives définitions naturalistes du canon de représentation du corps nu (Polyclète 1/7, Lysippe 1/8). Les kouroi ( statues de jeune homme nu debout au repos) de l'époque archaïque (620-480 av. J.-C.) sont des offrandes qui doivent plaire aux dieux ; ils montrent l'homme nu, tels que se produisent les gymnastes dans les concours (gumnos signifie nu en grec) et expriment le caractère, l'idée du beau masculin, l'absolu. Le canon, la règle, donne au sculpteur le module de base dont les membres du corps sont un multiple : et on retrouve la notion voisine de juste proportion dans plusieurs champs de savoir, par exemple en physiologie (dont dérive la théorie psychophysiologique des tempéraments et de leur mélange harmonieux) chez Hippocrate (460-377 av. J.-C.) ; la bonne proportion, l'équilibre des humeurs constituent la santé ; L'architecte romain Vitruve (premier siècle av. J.-C.) codifie les principes de l'architecture hellénistique par analogie avec la proportion de chaque membre du corps humain avec le tout ; Vitruve instaure une analogie entre la proportion (rapport du tout avec les parties) et le rapport entre les membres du corps humain ; Le philosophe Platon prendra acte de ces notions issues pour partie du pythagorisme (la proportion, l'harmonie) ; La règle, l'équilibre du corps, donnent ainsi une approche objective, mesurable du beau, traduisent la recherche du beau idéal, le caractère de ce qui est beau, de manière absolue , indépendamment des contingences sensibles ou subjectives, des sentiments. |